IV
Il était neuf heures du matin, lorsque Valentine s’entendit réveiller par une petite voix qui lui disait assez bas :
— Ma tante, dormez-vous ?
— Ah ! c’est toi, ma chère Isaure ! viens, que je t’embrasse.
— Je n’y vois pas, je vais appeler Antoinette pour ouvrir les volets.
À peine Antoinette est entrée, qu’Isaure est sur le lit de sa tante qui la serre dans ses bras.
— Comme tu es grandie depuis six mois, chère enfant ; regarde-moi un peu ! Tu as les mêmes yeux que ton père !
— Oh ! cela n’est pas possible, ma tante, car M. d’Émerange me dit tous les jours que je suis jolie, parce que je ressemble à maman.
— Ce monsieur peut avoir raison, mais il ne saurait empêcher que tu n’aies les yeux bleus de ton père : au reste, peu m’importe qu’ils soient noirs ou bleus. Si l’on te trouve déjà quelque ressemblance avec ta mère, c’est que tu es probablement aussi bonne qu’aimable.
— Je le crois bien ; mon maître de piano est fort content ; et mon papa dit que si je travaille toujours aussi bien, il me fera jouer l’année prochaine devant le monde.