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à périr, et s’en faire un mérite ! Cette réflexion inspira plus de dépit au Chevalier que du dédain. Il décida bien que madame de Saverny devait être sotte et maussade ; il ne lui en aurait même rien coûté pour le dire, mais il s’efforçait en vain de le penser ; car l’amour-propre rend plus souvent injurieux qu’injuste.

Cette soirée se termina pour Valentine, au moment où l’on vint annoncer le souper. Elle se retira dans l’appartement qui lui était destiné. Mademoiselle Julie l’y attendait pour lui offrir ses services et donner, d’un ton protecteur, ses avis à la petite Antoinette, qui lui paraissait une femme de chambre bien peu au fait des grands intérêts de la toilette d’une jolie femme. Il est vrai qu’Antoinette coiffait mal, et laçait de travers, mais c’était bien la plus honnête et la plus jolie de toutes les jeunes filles de Saverny. Sa mère avait élevé Valentine ; et Antoinette pouvait impunément mal habiller sa maîtresse, sans lui donner l’envie de la renvoyer. Cependant le séjour de Paris exigeait plus de soins ; et mademoiselle Julie fut chargée par la marquise du choix d’une seconde femme de chambre, dont le premier devoir serait de bien traiter Antoinette.