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lentine devine qu’elle embrasse la mère d’Anatole, et son cœur éprouve tout ce que le ciel a voulu attacher de divin au plaisir de faire des heureux.



XLV


Voilà, dira-t-on, un trait d’héroïsme au-dessus du courage des femmes. Ce n’est pas dans l’amour qu’inspire un homme, dont les qualités brillantes rachètent une disgrâce qui ne le rend à charge à personne, qu’on doit admirer l’effort d’un si beau dévouement ; c’est dans la résolution de braver le ridicule attaché à un choix semblable, que se trouve tout le sublime d’une action si généreuse ! Madame de Saverny n’est pas à se repentir d’en avoir offert l’exemple. En la voyant devenir l’épouse d’Anatole, d’abord on pensa dans le monde qu’elle se sacrifiait à la reconnaissance ; mais bientôt la réalité de son bonheur vint prouver aux plus incrédules, que la certitude d’être constamment adorée peut suffire à la félicité d’une femme sensible ; et que, dans une union formée par l’amour, on s’entend toujours assez tant qu’on s’aime beaucoup.

M. de Nangis quitta Londres pour être témoin du mariage de sa sœur, qui se fit à Merville. Avant de se rendre à l’église, Valentine demanda à son frère la permission de lui présenter la gouvernante d’Isaure, l’amie intéressante dont les soins l’avait aidée à rappeler son enfant à la vie.