Page:Nichault - Anatole.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nel adieu ; mais un signe de Valentine lui dit : Restez. Il n’ose en croire ses yeux ni reconnaître le langage qu’il parle, qu’il entend, et que Valentine vient d’apprendre pour lui ; un second signe ajoute, je vous aime, et il tombe anéanti sous le poids de sa félicité.

Au même instant le commandeur arrive, l’entraîne hors de la salle, et lui prodigue tous ses soins ; Valentine, tourmentée d’une douce inquiétude, n’attend pas la fin du spectacle pour se rendre chez M. de Saint-Albert. Un seul mot instruit madame de Réthel de ce qui se passe dans l’âme de son amie. Elle n’a plus de secrets pour elle, et trouve du plaisir à lui avouer que depuis trois mois les leçons de l’abbé de l’Épée l’ont rendue très-savante dans le langage d’Anatole.

— Quoi ! s’écrie madame de Réthel, c’est donc à cette occupation que vous consacriez ces longues matinées où vous étiez invisible pour tout le monde.

— Vraiment, oui, répondit Valentine ; lorsque j’ai senti que rien ne pouvait m’empêcher de l’aimer, j’ai voulu apprendre à le lui dire.

— Comme elle achevait ces mots, la voiture s’arrête ; on l’ouvre précipitamment, et la marquise s’élance dans les bras de M. de Saint-Albert qui s’écrie :

— Ô mon amie ! est-il bien vrai ?

L’émotion de Valentine ne lui permet pas de répondre ; elle se laisse conduire par le commandeur sans voir où il l’entraîne. Bientôt Anatole est à ses pieds. Une femme, baignée de pleurs, la presse sur son sein ; à ses traits, aux transports de sa reconnaissance, Va-