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répondre vaguement en lui laissant entendre qu’il valait mieux pour elle-même qu’elle ignorât l’effet d’un désespoir que le temps seul pourrait calmer ; mais la marquise ayant insisté de manière à ne lui laisser aucun moyen d’éluder une réponse positive.

— Eh bien, dit-il, puisque vous voulez savoir les projets qu’il médite en son extravagance, apprenez qu’il part cette nuit même pour aller cacher, je ne sais où, la douleur qui l’accable. J’ai vainement employé mon ascendant sur lui pour le déterminer à prendre quelque parti plus sage. Je n’ai rien obtenu de tout ce que j’ai demandé, même au nom de sa mère. Il m’a fait jurer de ne la quitter de ma vie, et de faire tout ce qui dépendrait de moi pour vous lier avec elle ; car il ne doute pas que le bonheur de vous voir souvent ne la console de l’absence de son fils. Il a paru attacher le plus vif intérêt à ce que je pusse vous réunir ce soir même toutes deux chez moi. J’ai promis de satisfaire à tout ce qu’il exigeait de mon amitié, pourvu qu’il renonçât au désir de vous revoir encore une fois. Il ne voulait que se trouver sur votre passage, au moment où vous viendrez chez ma nièce ; mais j’ai résolu de vous sauver une semblable entrevue, qu’il n’est pas lui-même en état de supporter.

— Je vous en remercie, interrompit Valentine (sans paraître fort émue de ce qu’elle venais d’entendre), et j’accepte avec empressement l’offre que vous me faites de me présenter aujourd’hui à votre ancienne amie. Vous m’excuserez, si j’arrive un peu tard. Je