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amitié puisque le choix d’un nouvel époux va bientôt assurer votre bonheur.

— Mais ce serait l’abuser…

— Que vous importe, interrompit le commandeur, cela ne vous engage à rien, pas même à le tromper ; nous vous demandons pour toute grâce, de ne pas nous contredire. C’est de moi seul qu’il apprendra les projets que je vous supposerai, et je sais d’avance qu’il se soumettra à tout ce que l’honneur ordonne en pareille circonstance. Une fois convaincu de votre prochain mariage, il sentira la nécessité de renoncer aux illusions romanesques qu’il nourrit depuis trop longtemps, et cessant de garder un secret désormais inutile, il sacrifiera bientôt les intérêts de son amour-propre au plaisir de jouir sans contrainte de votre affection. Combien alors cette tendre mère vous bénira d’avoir rendu son fils à la vie par l’amour, et à la raison par l’amitié. Vous deviendrez l’ange tutélaire de cette intéressante famille, et votre vieil ami vous devra la fin de toutes ses peines.

— Ah ! si tant de bonheur est en ma puissance, s’écria Valentine avec l’accent de la plus vive émotion, je consens à tout pour vous l’assurer. Oui, dites à votre ami que mon cœur n’est plus libre, et qu’avant peu j’aurai disposé de ma main ; mais en lui faisant cette confidence, ménagez sa sensibilité, persuadez-lui bien que j’ai besoin de son bonheur pour être heureuse, et qu’il doit vivre pour être l’objet de mon éternelle reconnaissance.