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venait d’en apprendre l’heureuse nouvelle à son frère ; madame de Nangis, ravie du bonheur de retrouver son enfant, de recevoir les consolations d’une amie, oubliait le monde et ses travers, auprès des objets de son affection. Enfin tout semblait promettre à Valentine le repos auquel elle aspirait depuis si longtemps. Mais une seule idée troublait encore son âme, et lui faisait éprouver que la douceur d’une vie calme ne peut rien contre les agitations du cœur.

Un matin, la marquise se disposant à sortir, comme à son ordinaire, Isaure vint lui demander, de la part de sa mère, à qui était une voiture attelée de six chevaux de poste qui venait d’entrer dans la cour. Devinant bien ce qui motivait la curiosité de la comtesse, Valentine fit appeler mademoiselle Cécile, qui répondit :

— Cette voiture est celle de la duchesse de Linarès.

— Viendrait-elle loger ici ? demanda vivement la marquise.

— Je ne le crois pas, madame, car les gens qui se trouvaient dans sa voiture de suite, ont reçu ordre d’aller tout préparer pour la recevoir dans l’appartement qu’elle occupe ordinairement chez l’ambassadeur d’Espagne.

— Dites qu’on ôte mes chevaux, reprit Valentine, après un moment de silence ; je ne sortirai pas.

— En donnant cet ordre, elle congédia Isaure et alla se renfermer dans son cabinet. Elle y était depuis une heure, lorsque M. de Saint-Albert se fit an-