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rendait plus matinal qu’un autre, il lui indiqua son chemin, en marchant devant elle. C’est avec ce guide qu’elle était arrivée à la porte de l’hôtel du commandeur ; et c’est assise sur un banc de pierre, qu’elle avait attendu le moment de la voir ouvrir.

Après avoir longtemps examiné l’état d’Isaure, le docteur déclara qu’il lui paraissait moins alarmant que la veille, mais qu’il ne pouvait répondre de rien avant la fin du neuvième jour. En écoutant ces mots, la plus vive terreur se manifesta dans les yeux de la comtesse ; elle pensa que, par pitié pour elle, le docteur n’osait prononcer la sentence d’Isaure, et qu’il voulait la préparer au coup fatal par trois jours d’anxiété ; et pénétrée de cette horrible pensée, toute son attitude semblait dire :

— Où vais-je passer ces trois jours de supplice ?

Valentine comprit son silence, et dit en lui serrant la main :

— Rassurez-vous, ma sœur, nos soins la sauveront.

— Quoi, s’écria la comtesse, en se précipitant aux genoux de Valentine, vous permettrez que je ne la quitte pas ! vous, à qui l’on a fait jurer de la tenir éloignée pour toujours de sa mère, vous que j’ai si cruellement offensée, qui devez tant me haïr ! Ah ! tant de générosité ajoute à mes remords ; et c’est vous venger deux fois que de vouloir prolonger ma vie jusqu’au dernier soupir de mon enfant.

À ces mots un torrent de larmes inonda le sein de cette malheureuse mère, et la soulagea un instant