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— Conduisez-moi vers elle, dit aussitôt la marquise, après avoir recommandé à mademoiselle Cécile de ne pas quitter Isaure.

En entrant dans le salon, Valentine fut saisie d’un battement de cœur qui lui ôtait presque la respiration. Son visage, déjà altéré par l’inquiétude et les veilles, prit tout à coup un air d’effroi en apercevant cette infortunée, si digne de pitié ; elle veut s’en approcher pour la secourir, mais à peine a-t-elle fait un mouvement, que des yeux égarés se fixent sur les siens, et qu’une voix s’écrie :

— Malheureuse, elle est morte !

Ce cri funèbre retentit au cœur de Valentine, elle n’y répond que par ces mots :

— Ah ! ma sœur !

Mais ils ne sont pas entendus de cette misérable mère, elle a cru lire l’arrêt de son enfant dans le regard désespéré de Valentine ; un frisson mortel à glacé ses veines, et c’est en vain que sa sœur la rassure, la presse sur son sein ; l’excès de la douleur a suspendu sa vie. Valentine, qui la voit expirante, tente un dernier moyen : elle compte sur cet instinct maternel qui survit à tout pour lui faire deviner la présence de son enfant, et sans calculer si ses forces répondent à son courage, elle entraîne elle-même la mourante, et la dépose aux pieds du lit de sa fille.

Les inspirations du cœur sont rarement trompeuses, et l’on croirait, au succès qu’elles obtiennent dans les moments extrêmes de la vie, que touchée