Page:Nichault - Anatole.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez elle. Valentine s’informa du nom de cette femme, et apprit avec étonnement qu’elle refusait de le dire.

— C’est probablement, ajouta le domestique, quelque pauvre femme qui se recommande à la charité de madame ; elle est vêtue de manière à le faire croire, et le soin qu’elle prend de cacher son visage sous un grand voile noir, prouve qu’elle est honteuse de demander l’aumône.

— Si c’est ainsi, reprit la marquise, dites-lui de me laisser son adresse, et qu’avant peu j’enverrai chez elle ; recommandez-lui surtout de s’éloigner au plus vite d’une maison dont l’air est infecté par une affreuse maladie.

Le domestique sortit pour remplir cette commission ; mais il rentra bientôt en disant à sa maîtresse, avec l’accent de la plus vive pitié :

— Ah ! madame, si vous ne daignez pas venir à son secours, cette pauvre femme va mourir ; je lui ai vainement répété qu’elle pouvait compter sur la bienfaisance de madame la marquise :

» — Je ne veux point de ses bienfaits, s’est-elle écriée en sanglotant, je ne lui demande qu’un seul mot ; qu’elle me l’accorde, ou je meurs à l’instant.

» En disant cela elle s’est traînée jusqu’à la porte du salon en me suppliant de ne la point renvoyer ; et vraiment je ne l’aurais pu faire, car ses forces l’ayant abandonnée, elle est tombée sans connaissance ; je viens demander à madame s’il ne faut pas lui faire prendre quelques gouttes d’éther.