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la date, et même les premières lignes, sans que Valentine lui témoignât la moindre curiosité d’en savoir davantage ; et le commandeur ne retirait d’autre résultat de ces petites épreuves, que de voir se prolonger le silence rêveur de Valentine.

Un jour pourtant que M. de Saint-Albert lisait, comme à l’ordinaire, sa correspondance, tandis que sa nièce et madame de Saverny s’occupaient à broder, elles l’entendirent prononcer quelques mots sans suite, et d’une voix qui semblait altérée par l’émotion la plus pénible.

— Ciel ! s’écria madame de Réthel, quelle triste nouvelle vous apprend-on ?

— Ce n’est rien, reprit-il, en cherchant à se remettre, mais vous savez qu’il est impossible de ne point partager les impressions que la duchesse de Linarès sait peindre avec tant de vérité ; sa manière touchante de parler de ses peines, de ses inquiétudes, les fait passer tout entières dans le cœur de ses amis.

— Lui serait-il arrivé quelque malheur ? demanda vivement Valentine.

— Non, pas à elle.

Cette réponse fit pâlir la marquise, et parut lui ôter la force de faire une autre question. Madame de Réthel, s’apercevant de ce qu’elle éprouvait, s’empressa d’interroger son oncle sur la santé d’Anatole.

— Mais, lui répondit-il, d’après ce que me mande sa mère, il se porte aussi bien qu’on peut le faire avec un coup d’épée dans le bras.