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les apprenant, elle en fut frappée comme d’une nouvelle inattendue ; le bonheur de reconquérir l’estime de son frère, qui la priait en grâce de se charger de l’éducation d’Isaure, ne la consolait pas du triste événement qui lui valait une aussi éclatante réparation. En répondant à la lettre ou M. de Nangis la conjurait de lui pardonner son injustice et les injures qui lui avaient été dictées par une femme perfide, elle avait tenté de modérer l’indignation de son frère, en excitant sa pitié pour le sort de cette malheureuse mère, qui, lui disait-elle, serait encore digne de sa tendresse, si de misérables flatteurs, trop bien accueillis par lui-même, ne s’étaient fait un jeu d’égarer sa raison. Il y avait autant de vérité que d’indulgence dans cette supposition ; mais M. de Nangis était trop irrité pour se rendre aux avis de sa sœur ; il les mit sur le compte de la générosité naturelle au caractère de Valentine, et n’en persista pas moins dans le dessein de punir rigoureusement celle qui venait de l’outrager.

Comme il se méfiait avec juste raison de l’extrême bonté de sa sœur, ce n’est qu’après avoir exigé d’elle la promesse de ne jamais confier à une autre le soin d’élever Isaure, qu’il s’était déterminé à la lui envoyer. Avec quel plaisir cette aimable enfant se retrouva dans les bras de Valentine ! et combien de fois elle remercia son père de l’avoir confiée à sa tante pendant le grand voyage que venait d’entreprendre sa mère ! car c’est ainsi qu’on avait motivé l’absence