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entra chez M. de Saint-Albert, elle ne s’étonna point d’y trouver ce tableau à la place d’un ancien portrait de famille, qui jusqu’alors avait eu les honneurs du salon. Souvent, les yeux fixés sur l’ouvrage d’Anatole, elle le considérait sans proférer une parole. Ses amis respectaient son silence et bornaient leurs soins à distraire son esprit, sans chercher à pénétrer ce qui se passait dans son âme. Discrétion bien rare en amitié !

Les médecins venaient de déclarer que la santé de Valentine était parfaitement rétablie ; cependant son teint n’avait point repris son éclat, son regard était triste, et tout en elle montrait un état languissant ; mais lorsque madame de Réthel en témoignait quelque inquiétude au docteur, il lui répondait, avec cette assurance que l’on met assez souvent à décider des choses que l’on ne comprend pas, que les maladies inflammatoires étaient toujours suivies d’un accablement profond, qui n’empêchait pas de se bien porter ; et madame de Réthel, sans y rien comprendre non plus, adoptait cette sentence.

Le commandeur, moins facile à rassurer, désirait qu’un événement quelconque pût distraire Valentine de la vie monotone qu’elle avait adoptée. Une lettre de M. de Nangis ne vint que trop tôt seconder ses vœux ; elle était datée de Londres, et contenait le récit de l’aventure scandaleuse qui venait de lui révéler l’indigne conduite de sa femme. La scène s’était passée au château de Varennes, où la com-