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sœur. Madame de Nangis l’attendait avec impatience depuis une semaine ; et, dans tout autre instant, elle eût été charmée de courir au-devant d’elle pour l’embrasser ; mais interrompre ainsi un grand concert par une scène de famille, lui paraissait une chose fort ridicule. Pour l’éviter, elle donna l’ordre que l’on conduisît madame de Saverny dans son appartement, et lui fit dire qu’elle irait la rejoindre, dès qu’elle pourrait s’échapper un moment.

Au nom de la marquise de Saverny, la princesse de L… s’écria :

— Quoi, c’est madame de Saverny qui vient d’arriver ? Cette jolie femme qui était aux eaux de Vichy, l’année dernière, et qui m’a si bien reçue, lorsque ma voiture s’est brisée auprès de son château ? Ah ! rien ne saurait m’empêcher d’aller l’embrasser ; où est-elle ?

Le domestique ayant répondu qu’en attendant les ordres de madame on avait fait entrer la marquise dans le petit boudoir, la princesse voulut s’y rendre à l’instant même, et madame de Nangis se trouva forcée de l’accompagner.

Elles trouvèrent madame de Saverny un peu déconcertée de sa réception. Le bruit de sa voiture n’avait attiré personne. Parvenue dans les vestibules, il lui avait fallu traverser une haie de laquais avant d’arriver à l’appartement de la comtesse, et se disputer avec l’un d’eux, pour l’empêcher de l’annoncer à haute voix dans le salon. Un autre, plus connaisseur, ayant remarque avec dédain la simplicité de sa