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coup qui venait de lui être porté. Braver les convenances, les obstacles, les devoirs les plus sacrés, lui paraissait l’effort d’un courage ordinaire ; mais braver le ridicule, était à ses yeux le comble de l’héroïsme ; et, malgré toute l’admiration que lui inspirait le caractère de Valentine, il ne la supposait point capable d’une vertu qu’il regardait comme au-dessus de l’humanité.

Le bruit de la maladie de la marquise étant parvenu à madame de Nangis, elle se contenta d’envoyer savoir de ses nouvelles ; et, comme on lui fit répondre au bout de quelques jours qu’elle était hors de danger, la comtesse partit pour la campagne, suivie d’une partie de sa cour. Fière d’entraîner à son char M. d’Émerange, elle ne s’occupa que des moyens de l’enchaîner près d’elle par l’attrait des plaisirs les plus variés ; mais combien il entre d’amertume dans cette peine continuelle de rechercher des plaisirs étrangers à l’amour, pour retenir près de soi l’objet qu’on aime ! et qu’il est douloureux de s’avouer qu’on ne doit ses succès qu’à son adresse à plaire ! Oui, le tourment de sacrifier au devoir un amant justement adoré, vaut mieux que le triste bonheur de captiver quelques instants un infidèle.