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billets et les propos d’un indiscret, est celle de la preuve au soupçon. Celui-ci vous en offre un exemple, et sa lettre à Valentine vous en a certainement plus dit que toutes les conversations possibles.

— Rien n’était plus clair, j’en conviens ; et si je connaissais quelques moyens de me faire entendre aussi clairement de ce beau silencieux, je ne me refuserais point la petite satisfaction de lui prouver ma reconnaissance.

— Quelle folie ! n’allez-vous pas chercher à vous battre avec un pauvre infirme ?

— Allez ! quand je lui couperais un peu les oreilles, pour ce qu’il en fait, il n’y aurait pas grand dommage.

— Allons donc, ce serait une lâcheté ; voulez-vous qu’on dise dans le monde que vous vous êtes battu avec un muet pour ses propos ? Il y aurait là de quoi vous couvrir d’un ridicule éternel.

— Cependant, il m’a grièvement insulté !

— Bah ! qui s’en doute ?

— Mais, lui et moi, par exemple, et cela suffit bien.

— Si l’on est convenu d’excuser les injures d’un rival ordinaire, on doit encore moins se blesser de celles d’un pauvre homme qui ignore peut-être la valeur des mots dont il se sert. Qui sait ? Dans le langage de l’abbé de l’Épée, fat veut peut-être dire, amant heureux ?

— Oui, tout aussi bien que Belmen veut dire en