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douceurs de l’amitié se disputaient le plaisir de tromper ses regrets. Occupée de répondre aux soins de ses amis, elle vivait dans l’ignorance de ce qui se passait chez les personnes dont elle avait tant à se plaindre, et se consolait de la haine de ses ennemis, par le souvenir de l’amour d’Anatole.



XXXVII


Deux mois s’écoulèrent dans cette vie paisible, pendant lesquels le commandeur avait reçu plusieurs lettres d’Anatole. Valentine était souvent présente quand on les lui remettait, mais il gardait le plus profond silence sur leur contenu ; et si elles n’avaient pas porté le timbre de Madrid, Valentine eût ignoré jusqu’au pays où vivait Anatole. Tant de discrétion lui paraissait quelquefois pénible à supporter. Cependant elle n’osait s’en plaindre ; et, forte de la sagesse de son ami, elle se livrait à toute la folie de son amour.

La patience et le beau temps ayant triomphé de la goutte de M. de Saint-Albert, il arriva un matin chez madame de Saverny, et lui dit :

— Pour cette fois, il n’y a pas moyen de refuser. Lisez ce billet, et voyez si nous pouvons nous dispenser de céder aux instances d’une personne qui vous aime tant.