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plus malveillants ne savaient comment accorder tant de travers avec tant de modestie.

Valentine un peu remise du premier trouble inséparable d’une solennité dont on est le principal objet essaya de lever les yeux pour contempler ce spectacle brillant et nouveau pour elle ; mais toute la pompe de la cour disparut bientôt à ses regards, lorsque les portants du côté où était placé le corps diplomatique, elle reconnut l’ambassadeur d’Espagne, et près de lui… Anatole. Qui pourrait peindre l’émotion qui s’empara d’elle au moment où leurs yeux se rencontrèrent ! Elle eut besoin de tout son courage pour n’y pas succomber, et elle crut que la princesse de L…, touchée de son état arrivait pour lui sauver la vie, quand elle vint la prendre pour la conduire chez les princesses du sang, et lui faire faire, suivant l’usage, quelques visites dans le château.

Elle fut invitée à souper le même jour chez la comtesse d’Art… C’est là que l’attendaient l’intrigue et la jalousie des femmes qui se promettaient de lui faire payer ses triomphes du matin par toutes les humiliations de la soirée ; la princesse de L… était chez la reine, et madame de Réthel se trouvant forcée de retourner auprès de son oncle, rien ne s’opposait au projet d’affliger la marquise. Il est vrai que la bonté de la comtesse d’Art… lui répondait d’un accueil agréable ; mais les premières politesses finies, la comtesse et les princes ses frères se mettraient au jeu, et la pauvre Valentine resterait livrée à elle-