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Enfin, l’on vint avertir que le roi allait passer dans les grands appartements, et tout rentra dans le plus profond silence. Lorsque toute la cour fut rangée auprès de Sa Majesté, on vit paraître la princesse de L… dans le costume le plus simple, et tenant par la main la marquise de Saverny, dont la magnifique parure semblait rivaliser avec l’éclat de sa beauté. Jamais plus de noblesse et plus de modestie n’avaient embelli tant d’attraits. La timidité qui colorait son teint en augmentait la fraîcheur ; son regard à demi baissé semblait réclamer l’indulgence, en même temps que sa taille élégante et son noble maintien commandaient l’admiration. Elle fit ses révérences sans assurance et sans gaucherie, et ce fut avec toutes les grâces de la simplicité, qu’elle répondit aux choses obligeantes que le roi daigna lui dire.

Cette réception déconcertait bien de malignes espérances ; les femmes en témoignaient tout haut leur dépit :

— Voilà, disaient-elles, comme avec de la beauté on peut tout se permettre impunément : prêchons, après de pareils exemples, la vertu à nos filles ! Mais si la vérité n’arrive jamais aux pieds du trône, le monde qui la connaît sait punir les erreurs.

À ces discours les hommes, déjà séduit par l’aspect de Valentine, essayaient de répondre qu’avant de la juger aussi sévèrement, il fallait attendre des preuves plus positives de son inconséquence. Quelques-uns refusaient tout net de la croire coupable, et les