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— Eh bien, quand madame de Saverny aurait autant d’amants que sa sœur lui en donne, n’est-elle pas libre de vivre à son gré ? A-t-elle un mari à tromper, ou des enfants à corrompre par son mauvais exemple ? Allez, M. Richard, le temps viendra bientôt où la vérité se fera connaître : votre maître ne sera pas toujours aussi dupe, et c’est alors qu’il récompensera le fidèle porteur des petits billets de la comtesse.

Ravie d’avoir répondu par ce trait malin aux propos de son camarade, mademoiselle Cécile prit congé des femmes de madame de Nangis, sans oublier de leur faire le détail de la magnifique parure qui embellirait la marquise le jour de sa présentation. Elle fut récompensée de cette preuve de confiance par plusieurs petites confidences ; on lui raconta le chagrin de la pauvre Isaure, à qui sa mère avait positivement défendu d’aller voir sa tante, et qui, de plus, avait reçu l’ordre de ne jamais prononcer le nom de madame de Saverny. Enfin, après s’être longuement livrée à tous les plaisirs du commérage, mademoiselle Cécile sortit de l’hôtel de Nangis, sans éprouver d’autres regret que celui de n’y pouvoir causer encore.



XXXV


La nouvelle de la prochaine présentation de la marquise, jointe à toutes celles qui se débitaient sur ses