Page:Nichault - Anatole.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que le jour de sa présentation à la cour était fixé au dimanche suivant. Cette lettre était la réponse de la demande que M. de Nangis avait adressée quelques mois après l’arrivée de madame de Saverny. Cette présentation aurait eu lieu beaucoup plus tôt sans la grossesse de la reine, mais on venait de célébrer son retour à la santé et la naissance d’une auguste princesse. La cour allait reprendre ses habitudes, et déjà l’on se félicitait d’y voir paraître une femme qui devait y briller à tant de titres.

C’était uniquement par condescendance aux volontés de son frère que Valentine avait consenti à réclamer l’honneur auquel sa famille et le nom du marquis de Saverny lui donnaient des droits incontestables. Mais cette cérémonie qui, dans toute autre circonstance, aurait peut-être flatté son amour-propre, aujourd’hui devenait un supplice pour elle. L’idée de s’offrir à tous les regards dans un moment où le malheur et la méchanceté semblaient se réunir pour l’accabler effrayait son courage. Elle s’adressa encore à M. de Saint-Albert, pour le prier de lui indiquer un moyen de la dispenser de ce devoir pénible. Mais il lui répondit qu’il en connaissait fort peu, et que tous offraient de grands inconvénients.

— D’ailleurs, ajouta-t-il, votre position exige ce sacrifice. Quand, par l’effet d’un événement fâcheux, on a le malheur d’occuper de soi les oisifs d’une grande ville, on ne doit pas plus affecter de se montrer que de se cacher. Les mêmes gens qui vous