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amie l’affection qui faisait son bonheur, et sacrifier l’amour d’un homme comme il faut à quelque aventurier ! Certainement je ne me donnerai point dans le monde le ridicule de tolérer de semblables intrigues. M. de Nangis est bien libre d’approuver les nombreuses faiblesses de sa sœur ; mais il ne peut m’obliger à jouer le rôle de confidente : aussi vais-je lui déclarer que je ne saurais habiter plus longtemps avec elle. Il sentira bien le tort qu’une intimité de ce genre pourrait faire à la réputation de sa femme, et je ne doute pas qu’il n’écrive dès demain à la marquise, pour l’engager à prolonger son séjour chez madame de Rhétel. Probablement son héros est quelque ami de cette prude ; et soit fierté, ou faiblesse, elle obéira sans murmurer aux volontés de son frère.

Ce plan servait à merveille les intentions de M. d’Émerange, et il se félicitait en voyant à quel point on pouvait se servir de la passion d’une femme pour se venger du mépris d’une autre : il quitta la comtesse en la conjurant d’épargner sa belle-sœur auprès des personnes que leur séparation allait surprendre. « Songez qu’elle appartient à votre famille, disait-il, et que vous devez autant qu’il vous sera possible, lui garder le secret de ses fautes. D’ailleurs que vous importent ses caprices ; vous êtes bien sûre maintenant qu’ils ne vous coûteront jamais rien, ajoutait-il en baisant la main de la comtesse. Ce qu’il faudrait seulement découvrir, pour nous amuser un peu, c’est le