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de la réputation de madame de Saverny qui doit réhabiliter celle du comte d’Émerange.

Pénétré de cette idée, il se rend chez madame de Nangis, en obtient sans peine le pardon de ses torts ; et, profitant de l’excès d’indulgence qu’inspire le retour au bonheur, il avoue que, séduit par les coquetteries de la marquise, il n’a pu se défendre d’un attrait passager pour elle ; mais qu’ayant bientôt reconnu la différence du caprice au sentiment, il n’attendait plus qu’une occasion de rompre sans impolitesse, pour venir retomber aux pieds de la seule femme qu’il eût jamais aimée. Après ce perfide aveu, désirant offrir une preuve incontestable de la sincérité de son repentir, le comte sort d’un portefeuille le portrait de Valentine, et le livre à la comtesse comme un sacrifice qui lui répond de la franchise de ses sentiments.

Dans tout autre moment la vue de ce portrait eût transporté de colère madame de Nangis ; mais quand le coupable dont on pleurait l’abandon vient demander grâce, s’indigne-t-on de quelque chose ! Elle ne vit dans cette preuve d’infidélité que le plaisir d’en triompher ; et son amour-propre satisfait trouva mille excuses aux torts de M. d’Émerange. Mais plus elle redoublait de clémence pour lui, et plus son ressentiment s’animait contre sa rivale.

— Venir ainsi, disait-elle, afficher les dehors d’une conduite austère, parler de grands principes, se parer d’une candeur factice, et tout cela pour enlever à son