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ce projet, en lui démontrant l’impossibilité d’instruire son frère des calomnies dont elle était victime, sans lui en dénoncer les auteurs.

— Je ne le persuaderais pas, ajoutait Valentine ; il persisterait à me demander l’explication d’un mystère que je ne comprends pas moi-même, et le silence qu’il me faudrait garder sur plusieurs points envers lui ajouterait encore à l’idée des torts qu’il me suppose. Je ne regagnerais point sa confiance, et sa femme la perdrait pour toujours. Le ciel me préserve de jeter dans cette famille les premières semences du trouble qui doit y naître un jour ! J’en conviens, les reproches d’un frère pèsent cruellement sur mon cœur, mais ceux que je pourrais m’adresser l’oppresseraient bien plus encore !

— Eh bien, soit, reprit le commandeur, je vous obéirai ; mais promettez-moi de ne plus vous exposer à des scènes inévitables partout ailleurs qu’ici. Vous ne savez pas encore ce que l’on vous réserve, et le parti que la méchanceté va tirer d’une aussi belle circonstance ; moi, je m’en doute, et j’exige que vous choisissiez cette retraite pendant l’orage. L’éclat que nous redoutions ne peut plus s’éviter. La vengeance d’un amour-propre tel que celui de M. d’Émerange doit être sanglante ; puissent tous nos soins vous en mettre à l’abri ! Mais il est de la plus grande importance qu’il ignore à jamais le nom de l’imprudent qui s’est permis sur son compte une injure impardonnable. Vous ne doutez pas de toutes ses re-