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s’adresser qu’à elle lorsqu’il s’agirait de confier son portrait. Mademoiselle Cécile vint en ce moment annoncer à sa maîtresse que tout était prêt. Valentine fit un effort pour s’arracher des bras d’Isaure, qui voulait absolument la suivre, et ne consentit à la laisser partir qu’à la condition d’aller la rejoindre à Auteuil aussitôt que madame de Nangis en aurait accordé la permission. Quand il fallut se séparer de Love, les pleurs d’Isaure redoublèrent. Enfin, on calma son chagrin par des cadeaux et des promesses ; mais on ne put obtenir d’elle de la faire rentrer dans la maison avant que la voiture ne fût sortie de la cour, et Valentine était déjà bien loin que la petite voix d’Isaure lui criait encore adieu.

Le premier soin de la marquise, en arrivant à Auteuil, fut d’instruire Anatole du séjour qu’elle comptait y faire, et d’une partie des raisons qui la contraignaient à s’éloigner de sa famille. La nécessité d’empêcher Anatole de lui adresser de nouvelles lettres à l’hôtel de Nangis l’obligeait à lui apprendre le sort qu’avait eu la dernière ; mais elle évita soigneusement de lui laisser soupçonner la véritable cause de cette indiscrétion, qu’elle mit sur le compte de la maladresse d’un laquais et d’une distraction de son frère. Elle parla seulement des justes reproches qu’il lui avait fallu supporter de la part de M. de Nangis sur le tort de s’être ainsi compromise, et finit par dire que l’impossibilité d’expliquer sa conduite sans trahir un secret inviolable lui avait fait