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— Tu t’en vas donc pour toujours ? s’écria Isaure en voyant l’excès de la douleur de sa tante.

— Non ! je te reverrai bientôt, je l’espère. Ne m’oublie pas… Dis à ton père que je pars en pleurant… que je vous aime tous… et que je vous regretterai toute ma vie.

Ces paroles, entrecoupées par des sanglots, achevèrent de désoler Isaure. Elle se jeta au cou de Valentine en pleurant aussi, et dit :

— Encore, si j’avais ton portrait pour me consoler quand tu n’y seras plus !

— Eh bien, qu’est-il devenu ? demanda Valentine avec une sorte d’inquiétude.

— Je ne voulais pas vous le dire, reprit Isaure en baissant les yeux, mais l’autre jour, en jouant avec M. d’Émerange, la chaîne qui soutient le médaillon s’est cassée, et le verre s’est brisé en tombant par terre ; j’ai bien pleuré quand j’ai vu ce malheur ! Mais M. d’Émerange m’a promis que bientôt il n’y paraîtrait plus. Il a pris le collier en se chargeant de le faire raccommoder par son bijoutier, et il doit me le rendre la semaine prochaine : c’est encore bien long à attendre.

Valentine apprit avec peine que son portrait était entre les mains du comte, mais elle ne fit aucun reproche à Isaure de le lui avoir livré. Le mal était fait ; il était inutile d’en apprendre les conséquences à une enfant trop innocente pour les comprendre. Elle se contenta de recommander à Isaure de ne plus