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assurer le prix. Enfin, l’esprit, la ruse, la trahison, la fausse pitié, tout fut employé pour abuser la tendresse d’un frère, et le porter à la plus coupable injustice.

Lorsque, par ses différentes insinuations, la comtesse eut exalté la colère de son mari contre Valentine, elle pensa que c’était le moment de les mettre en présence. La marquise venait justement de rentrer. Son frère la fit prier de se rendre auprès de lui. Elle arrive : à son aspect la comtesse frémit. Il lui semble que la preuve de ses torts est tout entière dans l’air innocent de Valentine, et que l’accusée n’a qu’à lever ses yeux pour se justifier de tant de calomnies.

— Connaissez-vous cette lettre ? dit alors M. de Nangis, du ton d’un juge sévère.

— J’ignore ce qu’elle contient, reprit en balbutiant Valentine, qui avait déjà reconnu l’écriture d’Anatole.

— Cependant elle vous est adressée, reprit le comte, et celui qui l’écrit se croit probablement assez connu de vous pour n’être pas obligé de signer.

Ici la marquise prit la lettre des mains de son frère, en lut l’adresse, et lança à sa belle-sœur un regard de mépris qui ne laissa à la comtesse aucun doute sur le soupçon qui venait d’éclairer Valentine. Confuse de voir sa lâcheté devinée, elle n’en supporta la honte que dans l’espérance de jouir à son tour de la confusion où se trouverait sa rivale, en lisant les