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XXXI


Le bruit d’une voiture qui entrait dans la cour réveilla madame de Nangis de l’espèce d’anéantissement qui avait succédé à sa colère ; elle craignit de se faire voir dans le désordre où elle était, et s’empressa d’ordonner qu’on éloignât, sous un prétexte quelconque, la visite qui arrivait : mais on lui répondit que le carrosse dont elle avait entendu le bruit, était celui de M. le comte, qui venait de rentrer. En effet, le comte arrive presque aussitôt. Frappé de l’altération qu’il remarque sur le visage de sa femme, il lui en demande la cause : elle hésite à répondre ; son mari insiste ; elle se trouble encore davantage ; et la nécessité de sortir d’embarras venant ajouter au désir de se venger, la comtesse feint de trahir avec peine le secret de sa belle-sœur. Elle raconte qu’un hasard, dont on ne doit accuser que la négligence de Valentine, a fait tomber entre ses mains la lettre qu’elle montre à M. de Nangis, et donne pour prétexte de l’émotion que son mari a remarquée, le chagrin profond que lui cause la conduite d’une personne qu’elle n’aurait jamais soupçonnée d’une pareille intrigue. Cette première dénonciation accueillie l’oblige à de nouveaux mensonges. Plus cette indigne action coûte à sa conscience, et mieux elle en veut