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comment elle avait trouvé M. d’Émerange en tête à tête avec sa belle-sœur. Elle accompagna ce récit de plusieurs réflexions malignes, qui indignèrent M. de Nangis. Il crut de son honneur de justifier Valentine des soupçons qu’on osait concevoir sur elle, en disant qu’il était bien permis de recevoir avec intimité l’homme que l’on devait épouser incessamment.

— M. d’Émerange épouse votre sœur ? s’écria la comtesse, d’une voix étouffée.

— Vraiment nous en aurions parlé plutôt, reprit M. de Nangis, sans remarquer la fureur qui se peignait dans les yeux de sa femme, mais je ne sais quelle pruderie empêche Valentine de se décider ; elle aime très-certainement M. d’Émerange ; vous l’aviez déjà deviné, et depuis tout l’a confirmé. Cependant elle hésite, et donne pour prétexte la légèreté du comte, et cent autres mauvaises raisons dont vous pourriez facilement lui démontrer le ridicule. Peut-être aura-t-elle plus de confiance en vous : d’ailleurs vous triompherez mieux que moi de ces idées romanesques sur la constance. Ayez l’air de croire à celle du comte, et vous l’en convaincrez sans peine. Sur ce sujet, une femme sait toujours en persuader une autre ; et je parie que votre esprit aura bientôt fait disparaître l’obstacle qu’elle oppose au mariage le plus brillant qu’elle puisse faire. Si vous réussissiez, comme je n’en doute pas, vous pouvez compter sur la reconnaissance de M. d’Émerange, car il est amoureux fou de Valentine.