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alla s’en plaindre à M. de Nangis, comme d’une insulte que sa conduite respectueuse envers sa sœur n’aurait pas dû lui attirer. M. de Nangis, qui mettait le plus grand intérêt à maintenir les espérances du comte, l’assura que ce n’était sûrement qu’un malentendu de la part des gens de la marquise. Pour s’en convaincre, il se rendit chez elle, et demanda à la voir ; mais on lui répondit que madame était souffrante, et reposait en ce moment. Assez mécontent de cette réponse, il fit appeler mademoiselle Cécile pour la questionner sur la maladie de sa maîtresse. À la manière dont on l’interrogeait, mademoiselle Cécile vit bien qu’il fallait mentir ; mais, comme elle n’avait point reçu d’instructions à ce sujet, elle fit tant de mensonges inutiles, qu’elle laissa soupçonner la vérité. M. de Nangis en conçut beaucoup d’humeur, mais il la dissimula sous l’apparence d’une vive inquiétude. Se promettant bien d’éclaircir ce mystère, il entra chez sa femme en disant :

— Vous ignorez sûrement que Valentine est malade, elle n’est point sortie depuis deux jours, et ne reçoit personne ; cela m’inquiète, et je vous engage à forcer sa porte pour lui offrir vos soins.

— Je m’en garderai bien, reprit la comtesse d’un ton amer, cela m’est arrivé une fois la semaine dernière ; et je n’ai pas envie de recommencer une pareille gaucherie.

Cette phrase devait exciter la curiosité de M. de Nangis ; et pour la satisfaire, la comtesse raconta