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secrètement pour l’Italie, en faisant savoir seulement à son frère, qu’elle entreprenait ce voyage pour se soustraire aux instances de M. d’Émerange, et faire cesser le bruit d’un mariage auquel elle ne consentirait jamais. Le commandeur, après avoir réfléchi longtemps sur ce voyage, finit par l’approuver, en disant :

— Vous avez raison, ce parti me semble le meilleur ; mais il faut tout prévoir. Malgré le plus grand mystère, M. d’Émerange saura bientôt où vous allez. Il vous y suivra, il vous l’a promis, et dans sa position c’est le meilleur parti qu’il puisse prendre, car cette preuve de dévouement doit vous attendrir ou vous perdre. Mais il est un moyen d’échapper à ce double danger, en ôtant au public l’occasion de mal interpréter une démarche fort simple ; et ce moyen est d’emmener avec vous deux personnes dont l’âge et la réputation deviennent les garants de votre conduite aux yeux du monde, et dont l’amitié vous protége contre toutes les tentatives d’un fat.

— Puisque mon frère m’abandonne, s’écria Valentine, en essuyant ses larmes, de qui puis-je espérer une si grande preuve d’attachement ?

— On croirait, reprit brusquement le commandeur, que votre cœur n’en est pas digne, à la manière dont vous doutez de celui de vos amis. Si quelqu’un m’avait dit. Il y a une personne dans le monde capable de grands sacrifices pour vous épargner un malheur ; je vous aurais devinée tout de suite, moi.