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une suite de la facilité qu’on a communément de saisir les manières des gens qu’on aime. Après lui avoir témoigné sa reconnaissance par mille choses flatteuses, il ajouta :

— Que je vous remercie de m’avoir épargné la frayeur d’entendre mon arrêt prononcé par votre frère ; je sens qu’il m’aurait dit vingt fois que j’étais le plus heureux des hommes, sans me le persuader un instant, et je crois en vérité, qu’un refus de votre bouche m’attristerait moins qu’une bonne nouvelle sortie de la sienne.

— Cela m’encourage, reprit en souriant Valentine.

— N’allez pas abuser de cet aveu, pourtant.

— Non, mais il me rassure, et m’engage à vous déclarer franchement…

— Que vous me détestez peut-être.

— Je mentirais ; et vos procédés envers moi vous répondent au contraire de ma reconnaissance.

— Je me soucie bien de votre reconnaissance ; vraiment je ne la mérite pas, car j’ai fait tout ce que j’ai pu pour ne vous point aimer.

— Pourquoi vous êtes-vous découragé sitôt ?

— Ah ! vous vous en plaignez, c’est une manière de m’avouer…

— Que toute honorée que je me trouve de votre choix, je n’y saurais répondre.

— Et peut-on savoir la raison qui me condamne à d’éternels regrets ? reprit le comte, d’un air moitié piqué et moitié dédaigneux.