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Ici on vint les interrompre, et Valentine se retira plus indécise que jamais sur ce qu’elle allait faire.

Le billet qu’on lui remit le lendemain à son réveil lui rappela les derniers mots du commandeur. Elle le décacheta en disant :

— Voilà qui va fixer toutes mes incertitudes. Et son cœur se livra d’avance au plaisir si doux d’obéir à ce qu’on aime ; il faut avoir souffert les tourments attachés à la détermination d’une décision importante pour connaître tout le prix d’un ordre absolu. De combien de responsabilités il délivre ! On profite du bien qu’il produit sans avoir à se reprocher le mal qui en résulte ; et, quand cet ordre n’est qu’un désir, que de charmes dans l’obéissance !


ANATOLE À VALENTINE.

« Il y va du repos de votre existence, me dit-on. Ah ! Valentine, au nom du ciel, au nom de celui qui ne respire que pour vous adorer, suivez le conseil qu’un ami sage vous donne ; j’ignore ce qu’il exige de votre soumission, mais dût-il vous demander ma vie, n’hésitez pas à la promettre, elle est à vous. Enfin, quel que soit le sacrifice, oubliez la pitié que mon sort vous inspire, et songez que ma destinée entière est dans votre bonheur. »