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de sa belle-sœur, il était impossible de parler à l’une des deux sans être entendu de l’autre. Pour se dédommager de cette privation et faire comprendre à Valentine qu’il comptait sur ce qu’elle avait chargé le commandeur de lui faire savoir, M. d’Émerange ne quitta plus celui-ci et lui fit de grandes démonstrations de reconnaissance, pour que la marquise devinât qu’il le remerciait de l’intérêt qu’il avait pris à lui dans cette circonstance. Valentine le comprit assez ; et lorsque le commandeur, s’approchant d’elle, lui dit tout bas :

— Allons, du courage, demain l’on ira chercher votre réponse ; souvenez-vous de ce dont nous sommes convenus. Elle répondit en tremblant :

— Jamais je n’aurai la présence d’esprit qu’exige un semblable entretien ; par pitié, faites en sorte de me l’épargner.

— Cela est impossible.

— Du moins, n’aura-t-il pas lieu demain, car j’ai à sortir toute la journée.

— Voilà bien le propos d’un enfant qui croit tout gagner en différant l’instant de boire sa médecine.

— Pourquoi tant se presser d’annoncer une chose désagréable ?

— Pour n’avoir plus à la dire ; d’ailleurs, je vous ai suffisamment démontré la nécessité de cette démarche ; mais je le vois bien, ce n’est pas moi qui vous y déciderai, un autre en pourra seul obtenir l’honneur.