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d’un nouveau lien, du désir de rester libre et de l’inconstance reconnue du chevalier ; mais tous ces prétextes ne voudront jamais dire au fond que ces mots : Je ne vous aime pas. Et je me trompe fort, ou M. d’Émerange ne vous pardonnera pas cette injure.

— Cependant, je ne compte pas l’épouser par terreur de son ressentiment.

— Ce serait d’autant plus mal calculé, que cela ne vous mettrait point à l’abri de celui que vous devez le plus redouter. Dans la position où vous vous trouvez, vous n’avez qu’à choisir entre deux vengeances ; si vous redoutez celle du chevalier, la comtesse vous en punira. Ne vous offensez pas de cette réflexion, ce n’est pas le moment d’employer des subterfuges pour vous démontrer la vérité ; je n’ai pas envie d’insulter, par la plus sotte médisance, une femme que vous devez aimer en dépit de ses torts ; mais l’amitié dont vous m’honorez, me fait un devoir de vous garantir, s’il se peut, du mal que sa vanité cherchera à vous faire.

— J’avoue qu’elle est faible, inconsidérée, mais, j’en suis sûre, elle n’est pas méchante, dit Valentine, les larmes aux yeux.

— Non ; mais elle le deviendrait bientôt, si elle se doutait une minute de la préférence qu’on vous accorde.

— Hélas ! pour lui laisser ignorer cette malheureuse préférence je m’exilerais, je crois, au bout du monde ?

— Beau moyen ! M. d’Émerange vous y suivrait, la