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ment, reprit Valentine avec plus d’assurance, je vous avouerai que, tout en rendant justice aux avantages séduisants de M. d’Émerange, je le crois incapable de s’occuper du bonheur de sa femme. Quand on a, comme lui, contracté l’habitude des succès brillants, on ne se réduit pas sans regret à des plaisirs plus calmes ; et je ne me sens point le courage de consacrer ma vie à un homme fort aimable, sans doute, mais qui me semble impossible à fixer.

— Vous avez cru probablement triompher de ce raisonnement, quand vous avez consenti à recevoir les soins du chevalier ?

— Je ne les ai jamais encouragés.

— Du moins les avez-vous accueillis sans dédain, car autrement il aurait bientôt cessé de vous les consacrer. Son caractère est trop connu pour qu’on lui soupçonne jamais la duperie de persister dans un amour sans espoir ? Aussi est-on déjà convaincu dans le monde de votre préférence pour lui, et de l’heureux événement qui doit en résulter.

— C’est ce qui m’afflige, répartit Valentine, le cœur oppressé par le ton de sévérité que venait de prendre son frère ; cependant, ajouta-t-elle je ne me crois pas obligée d’accomplir les prédictions qu’il plaît à quelques personnes de faire.

— Songez bien que ces sortes de prédictions sont presque toujours dictées par le sentiment des convenances. Mais j’ai tort de vouloir soutenir une cause que votre cœur plaidera bien mieux que moi. J’ai