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rence de galanterie cache un sentiment profond. Mais je suis de votre avis sur ces airs légers, qui sont tant à la mode ; vous en voyez l’inconvénient, on ne sait à quoi s’en tenir sur tout ce qui se dit ; la gravité est moins amusante, j’en conviens : mais quand il s’agit d’une affaire d’où dépend le destin de sa vie, on pourrait bien se résigner à en parler sérieusement, Au reste, pour mon compte, je n’ai pas ce reproche à faire à M. d’Émerange ; et c’est avec toute la solennité d’une semblable démarche qu’il est venu me prier de vous offrir sa main.

— Je suis fort honorée de son choix, répondit Valentine en baissant les yeux, mais je ne saurais me décider aussi promptement… à former un nouveau lien.

— Voilà tout justement une réponse de comédie ; vous oubliez, ma chère Valentine, que ce n’est ni un tuteur, ni un oncle qui vous interroge, et qu’étant parfaitement libre d’agir selon votre volonté, vous n’avez besoin d’aucun prétexte pour la satisfaire. Il est vrai que le respect des usages, et ce que l’on se doit à soi-même, imposent quelquefois plus de sacrifices que n’en saurait exiger l’autorité des parents les plus sévères ; mais vous connaissez aussi bien que moi l’empire de ces devoirs, et vous n’avez pas plus à redouter mes avis que ceux de votre raison ; ainsi donc pourquoi me feriez-vous mystère de vos projets et de vos sentiments.

— Puisque vous m’autorisez à vous parler franche-