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dont le chevalier m’avait déclaré ses intentions ne pouvait me laisser aucun doute sur ses sentiments pour vous, et c’est en vous approuvant que je vous les voyais partager.

— Moi, mon frère, interrompit Valentine, avec un embarras mêlé de dépit, je vous jure que loin de les partager, je les ignorais.

— Ah ! Valentine, soyez de bonne foi, et vous conviendrez de ce que tout le monde sait déjà. Une femme s’aperçoit si vite de l’amour qu’elle inspire ! D’ailleurs il faut avouer que M. d’Émerange dissimulait fort mal celui qu’il a pour vous ; car il y a déjà très-longtemps que, plaisantant madame de Nangis sur l’attrait qui fixait auprès d’elle tant de gens aimables, et particulièrement un homme dont les plus jolies femmes se disputaient l’hommage, elle me fit remarquer que vous seule aviez l’honneur de ce triomphe.

À ces mots le front de Valentine se couvrit de rougeur, elle frémit de laisser soupçonner à son frère l’idée qui excitait sa honte pour une personne chère à tous deux ; et la bonté de son cœur la décida à convenir que le chevalier lui avait en effet témoigné quelquefois le désir de lui plaire ; mais que le caractère frivole dont il faisait gloire, l’avait empêchée d’attacher la moindre importance à ses discours.

— Il n’en est pas moins vrai qu’ils vous étaient agréables, reprit le comte ; ils vous le paraîtront encore plus maintenant que vous savez que cette appa-