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avec tant de solennité tourmenta cruellement l’esprit de Valentine. Elle se perdit en conjectures pour en deviner le motif, et s’efforça vainement d’espérer quelque heureuse nouvelle. Un secret pressentiment lui faisait redouter les avis de son frère ; et, comme le pigeon de La Fontaine, Valentine croyait beaucoup aux pressentiments.



XXV


Après une réception plus cérémonieuse que fraternelle, M. de Nangis entama la grande question par un long préambule, et finit par féliciter sa sœur sur le beau sort qui l’attendait. Ce début fit battre le cœur de Valentine ; elle ne douta plus que son frère instruit de l’amour d’Anatole, ne conçut le projet de surmonter tous les obstacles pour assurer son bonheur. Mais cette douce idée s’évanouit bientôt, lorsqu’elle entendit M. de Nangis faire un grand éloge de M. d’Émerange, et y ajouter ces mots :

— Tant d’agréments réunis méritaient votre préférence ; aussi me suis-je bien gardé de la contrarier ; vous avez vu mes soins à multiplier les assiduités du chevalier chez moi ; mais vous devez penser que si je lui ai offert aussi souvent les occasions de vous faire sa cour, j’étais rassuré d’avance sur la crainte de vous compromettre. La manière noble et franche