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maître. Un collier d’or qu’elle aperçut à son cou lui parut devoir être un indice certain pour apprendre à qui il appartenait ; elle dit à mademoiselle Cécile d’approcher un flambeau, et prenant le chien sur ses genoux :

— Je ne me trompe point, dit-elle, il y a quelque chose de gravé sur son collier, c’est sûrement l’adresse de son maître.

— Je ne le crois pas, reprit mademoiselle Cécile, en s’efforçant de cacher un sourire malin.

— Cependant voici bien…

Ici la marquise se tut… et la plus vive surprise éclata dans ses yeux. Mademoiselle Cécile n’eut pas l’air d’y faire attention, et se contenta de dire :

— Puisque le collier ne dit rien, nous pouvons garder le chien sans scrupule.

Cette réflexion tira Valentine de la rêverie où elle était tombée. Elle se leva pour achever de se déshabiller ; et lorsque mademoiselle Cécile voulut emmener le chien avec elle, la marquise lui donna l’ordre de le laisser coucher sur un des coussins de son cabinet.

On veut savoir quels sont les caractères magiques qui ont causé l’étonnement de Valentine et la douce émotion qui lui avait succédé. On s’attend peut-être à quelques-unes de ces devises ingénieuses qui sont les talismans ordinaires de l’amour, ou bien à ces emblèmes de fidélité qu’on ne manque jamais de trouver sur le collier du chien d’une coquette ; mais rien d’aussi spirituel n’avait frappé les yeux de Va-