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qu’elle lui avait promis, et cette petite vanité qui porte les enfants de tout âge à chercher les moyens de triompher d’une difficulté que l’on paraît croire au-dessus de leurs forces, donnèrent à Isaure le courage de tenir sa parole, elle se trouva bien heureuse de ce premier avantage remporté sur son caractère, quand elle vit la joie de sa mère, en reconnaissant les traits de son enfant sur les simples tablettes que lui offrait Valentine. Crainte, soupçons, chagrin, ressentiment, tout disparut devant cette douce image ; le cœur ému triompha de l’amour-propre égaré ; et la comtesse, les yeux remplis de larmes, vint se jeter dans les bras de sa belle-sœur. Elles ne se dirent pas un mot ; mais l’expression de leurs visages ne laissa pas le moindre doute sur la sincérité de leur réconciliation. Un petit nombre de personnes en fut attendri ; les autres s’en consolèrent, en disant : « Cela ne durera pas longtemps : » et le ciel, qui exauce parfois le vœu des méchants, accomplit cette prédiction.

Après avoir vanté la ressemblance du portrait d’Isaure, on discuta celle du portrait de la marquise ; les femmes le trouvaient trop flatté, et les hommes, beaucoup moins joli qu’elle. Le chevalier d’Émerange en paraissait plus mécontent qu’un autre : il y voyait mille défauts : et le plus grand, c’était, disait-il en confidence à Valentine, cet air sensible, ce regard presque tendre, et ce sourire enchanteur que l’artiste a pris sur lui de vous donner.

— Non, ajoutait-il, plus je le regarde, et moins je