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— Vous me la donnerez, dit la petite Isaure, qui entrait dans ce moment suivie de sa gouvernante anglaise, dont l’air capable et sévère annonçait quelque chose de solennel.

En effet, elle réclama quelques instants de silence pour qu’Isaure pût faire entendre le compliment qu’elle devait adresser à sa mère. La pauvre enfant, plus tremblante qu’un criminel que l’on va juger, se plaça au milieu d’un grand cercle, et les yeux fixés à terre, elle balbutia quelques mots d’anglais qu’elle avait appris sans les comprendre, et qui furent applaudis sans être entendus. On s’extasia sur la facilité des enfants à apprendre les langues étrangères ; et la petite Isaure fut bien récompensée de l’effort qu’elle venait de faire, en parlant pour la première fois en public, par la quantité d’étrennes qu’elle reçut de toutes parts.

Celles de sa tante furent les mieux accueillies, et l’on doit ajouter à la gloire d’Isaure, qu’elle les avait bien méritées. On se rappelle qu’elles devaient être le prix de sa discrétion. Pour l’éprouver davantage, la marquise avait commandé au peintre qui venait d’achever son portrait, de commencer celui d’Isaure. Elle se proposait de l’offrir à la comtesse, mais pour que la surprise fût complète, il fallait obtenir d’Isaure qu’elle en gardât le secret. C’était beaucoup pour une petite fille accoutumée à raconter tout ce qu’elle voyait ou entendait dans la journée. Cependant le désir de plaire à sa tante, de mériter ce