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tine aussi s’efforça de ne le pas voir, et cependant la pâleur qu’elle remarqua sur son visage vint attrister la fin d’une journée qui promettait d’assez doux souvenirs.



XXI


À dater de ce jour, madame de Saverny perdit de son goût pour la retraite, et en prit un très-vif pour la promenade et les spectacles ; il est vrai qu’un hasard assez explicable l’y faisait rencontrer souvent Anatole, placé presque toujours dans l’endroit le plus obscur de la salle, aux loges du rez-de-chaussée ; il était plutôt deviné qu’aperçu par Valentine, à qui la moindre lueur suffisait pour lire sur les traits d’Anatole tout ce qui se passait dans son cœur. Une certaine retenue l’engageait parfois à fuir ses regards ; mais alors un attrait irrésistible semblait triompher de sa volonté, et ses yeux revenaient d’eux-mêmes puiser dans ceux d’Anatole le feu qui les animait.

Depuis que madame de Nangis affectait de s’éloigner de Valentine, madame de Réthel s’en rapprochait. Une grande conformité de principes et de goût rendait chaque jour leur liaison plus intime. Le commandeur s’en réjouissait, car c’était son ouvrage. En effet, révolté de l’abandon où madame de Nangis laissait sa belle-sœur, il avait conçu l’idée d’engager sa nièce à la suivre quelquefois dans le monde, où la réputation d’une jeune femme dépend si souvent