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t-elle ? Qui sait ? peut-être aurai-je besoin de vos avis.

— Pour l’aimer, interrompit en souriant le commandeur ; ah ! je ne donne jamais de conseils dans ces grands intérêts. Que voulez-vous que fasse la raison où règne la fantaisie ?

— Mais, qui vous parle d’aimer ? ne saurait-on réclamer vos conseils que pour une fantaisie ? En vérité vous découragez la confiance.

— J’ai cela de commun avec ceux qui la méritent ; mais je ne veux pas perdre la vôtre pour une mauvaise plaisanterie, qu’Anatole ne me pardonnerait pas.

— Ah ! c’est uniquement par égard pour lui que vous me ménagez ? Je me croyais plus de droits à votre complaisance.

— Vous en avez sur tous mes sentiments ; mais je dois l’avouer, les droits d’Anatole l’emportent dans mon cœur, et je ne puis vous cacher que s’il arrivait que je fusse obligé de sacrifier votre intérêt au sien, je n’hésiterais pas.

— Voilà de la bonne foi ; et, malgré ce que cette déclaration a de peu flatteur pour moi, je ne puis m’empêcher d’estimer beaucoup celui qui vous inspire une telle amitié. Je crois vous connaître assez pour être sûre que vous ne pouvez aimer autant, qu’un homme fort distingué.

— Et vous avez raison, reprit le commandeur en se levant pour rejoindre madame de Réthel, qui l’attendait.

Dans ce moment le chevalier d’Émerange vint à