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— Madame de Nangis peut attester que vous lui tenez votre parole.

— Et madame de Saverny, que j’y manque : n’est-ce pas ce que vous voulez dire ?

— Non vraiment, vous savez bien qu’on ne se croit jamais indigne d’une confidence ; d’ailleurs, votre ami a des droits à ma discrétion, et je crois déjà lui avoir prouvé qu’il y pouvait compter.

— En effet, j’admire la vôtre, et je m’accuse même d’avoir voulu l’éprouver. Dans la joie qui l’enivrait, Anatole m’a confié la promesse qu’il a reçue de vous ; je n’ai douté ni de votre sincérité en la donnant, ni de votre résolution d’y rester fidèle ; mais entre la volonté de remplir un vœu et la puissance de l’accomplir la distance est fort grande, et j’ai été bien aise de me convaincre que, pour vous, prendre et tenir un engagement était une même chose.

» Puisque vous savez la parole qui me lie, je ne crains pas d’y manquer avec vous. Mais, pour concilier ma religion sur ce point avec le plaisir de m’entretenir d’une personne à laquelle j’ai tant d’obligations, convenons d’un point qui tranquillisera ma conscience et la vôtre. Le motif du mystère qu’il exige vous est connu ; eh bien, ne me répondez jamais sur ce qu’il faut que j’ignore ; par ce moyen, je vous parlerai sans crainte, et je vous écouterai sans scrupule.

— Rien ne s’oppose à cette condition, et je vous promets de l’observer ; mais à quoi vous mènera-