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mieux que de vanter l’extrême ressemblance du buste qui se trouvait dans la bibliothèque du commandeur.

— En effet, reprit ce dernier, j’en ai été frappé comme vous lorsque je le vis pour la première fois dans l’atelier du fameux G… Il revenait alors d’Italie, d’où il rapportait des objets d’art précieux, que se disputèrent bientôt les amateurs. Ravi de retrouver les traits d’un de mes amis dans cette belle tête, j’en fis l’acquisition ; l’artiste crut en rehausser le prix à mes yeux, en m’assurant qu’elle était copiée d’après l’Hector antique ; mais lorsque je lui dis franchement le motif qui me déterminait à l’acheter, il m’avoua de même qu’ayant eu le bonheur de rencontrer à Rome un jeune homme d’une figure admirable, il s’était permis de faire plusieurs copies du portrait qui lui en avait été demandé. Après diverses questions, j’acquis la certitude que ce bel Hector n’était autre qu’Anatole, et la ressemblance fut expliquée.

— Il dut être fort étonné, je pense, reprit Valentine, de se retrouver ainsi chez vous.

— Comment donc ! il m’a fait une véritable querelle pour avoir encouragé la mauvaise foi du sculpteur, qui se permettait de le vendre ainsi déguisé en Grec ; il prétendait que le ridicule en retombait sur lui ; j’ai eu toutes les peines du monde à l’empêcher de briser ce malheureux buste, et je ne l’ai conservé qu’à la condition de nier qu’il eût le moindre rapport avec ses traits.