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ture dont le public aurait tiré de grandes conséquences, et puis s’éloigner de l’objet de sa reconnaissance pour aller vivre seule et livrée à de tristes souvenirs, c’était renoncer à tout espoir de bonheur. Ces inconvénients se représentant sans cesse à l’esprit de Valentine, la décidèrent à se résigner encore quelque temps à supporter ceux de sa situation présente. Elle se flatta de l’idée que, touchée de ses soins à détruire toute apparence de rivalité entre elles, sa belle-sœur reviendrait bientôt à la raison, et par conséquent à ses devoirs. Ce n’est pas que Valentine supposât qu’elle y eût jamais complétement manqué ; elle pensait avec justice qu’une femme dominée par la vanité peut se donner bien des torts avant d’être tout à fait coupable. Mais elle sentait bien aussi que le monde ne jugeait pas avec la même indulgence, et elle redoutait pour la comtesse les arrêts de ce tribunal sévère, qui condamne sans entendre. Elle en eût été moins effrayée si l’expérience lui avait appris que ces funestes arrêts ne tombent jamais sur les gens heureux.



XX


Une de ces matinées où les rayons du soleil semblent engager les élégantes de Paris à braver le froid pour venir se promener en foule sur la terrasse des