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parut d’autant plus affecté, que Valentine resta seule quelques moments au milieu du salon sans savoir à qui adresser la parole ; madame de Nangis, qu’un plus long entretien entre le chevalier et sa belle-sœur aurait sans doute portée à quelque nouvelle extravagance, se blessa du motif qui avait déterminé Valentine à s’éloigner si brusquement de lui, tant il est vrai que rien ne peut calmer les agitations d’un amour-propre jaloux ! Tout l’offense et l’humilie, et, pour l’orgueil irrité, les égards mêmes sont encore des outrages.

La situation de madame de Saverny au milieu de ce cercle de curieux, d’envieux ou d’ennemis lui devint bientôt insupportable, et elle profita de la première occasion qui s’offrit pour s’y soustraire. Quand elle se vit heureusement délivrée des ennuis qui l’avaient accablée dans cette soirée, elle réfléchit aux moyens de s’en épargner de semblables. Cette manière de vivre lui présageait des chagrins de famille qu’il fallait éviter à tout prix ; mais comment y parvenir ? Elle ne pouvait réclamer les conseils de son frère, dans cette circonstance, sans trahir la comtesse ; et son cœur en était incapable. Cependant elle sentait la nécessité de s’éloigner d’une maison où sa présence jetait autant de trouble ; et si la saison l’avait permis elle serait retournée au château de Saverny. Mais quitter ainsi Paris au milieu de l’hiver, et sans pouvoir donner à son voyage un motif raisonnable, c’était presque constater une rup-