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rége ; mais la saison ne permettait pas de prendre les eaux, et ce conseil restait au nombre de ceux qu’on donne sans y penser, bien sûr qu’ils seront écoutés de même. Après avoir longuement fait remarquer que sa femme maigrissait et changeait beaucoup, M. de Nangis s’approcha de sa sœur, et par l’effet d’un de ces à-propos dont la malignité est si reconnaissante, il s’écria :

— Vous voilà donc enfin ? J’ai cru que c’était un parti pris de nous abandonner. Savez-vous bien que depuis près de quinze jours on n’a pas eu le plaisir de vous voir ici ?

— Ce n’est pas ma faute, répondit Valentine, en cachant mal l’embarras que lui causait la position ridicule de son frère aux yeux des gens qui l’écoutaient en souriant.

— Ah ! je m’en doute bien, reprit le comte, en s’efforçant de prendre un ton léger, c’est peut-être une plume, un chapeau, ou quelques grands intérêts de ce genre qui nous ont valu cette longue absence. Il faut si peu de chose pour brouiller deux jeunes femmes !

Fort heureusement pour tous deux, la visite d’un grand personnage vint interrompre cette conversation. Valentine tenta de se rapprocher de quelques femmes avec lesquelles elle causait habituellement, mais elle ne vit pas sans surprise que toutes semblaient l’éviter, et affecter de lui répondre avec une sorte de dédain qui tenait de l’indignation. La plu-