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l’effet de quelque nouveau caprice, elle lui fit demander si elle serait visible. Tant de cérémonial rappela à madame de Nangis ses impolitesses envers madame de Saverny, et lui inspira quelque désir de les réparer. Elle fit répondre qu’elle la verrait avec le plus grand plaisir. Mais quand Valentine entra chez elle, brillante de fraîcheur et d’élégance, la comtesse sentit expirer sa bonne volonté, et quelques mots plus froidement polis qu’affectueux remplacèrent l’accueil qu’elle s’était promis de lui faire.

La curiosité avait attiré beaucoup de monde chez madame de Nangis. La jalousie que lui inspirait sa belle-sœur n’était plus un secret pour personne ; il est vrai que M. d’Émerange, en la niant partout, ne manquait pas une occasion de la provoquer ; chaque jour amenait, entre lui et la comtesse, de ces petites scènes qui font ordinairement le désespoir des acteurs et l’amusement du public ; on s’attendait à tous moments à quelque bon scandale dont les détails piquants alimenteraient pendant trois jours au moins la conversation générale ; et chacun désirait pouvoir les raconter avec toute l’autorité d’un témoin.

M. de Nangis était, comme c’est assez l’ordinaire, le seul qui ne s’aperçût pas du trouble qui régnait dans sa maison ; il allait se plaignant à tous ses amis de la mauvaise santé de sa femme, dont les maux de nerfs augmentaient d’une manière inquiétante. Les plus charitables l’engageaient à faire faire un voyage à la comtesse, soit à Plombières ou à Ba-